Direct sur France3 Franche comté avec Patricia GRENIER
En studio (vidéo de 17’41 – AVEN de 2’30 à 7’00)
Justice
Thierry Chaufffour : La veuve d’un pilote de l’armée française demande réparation aujourd’hui devant le Tribunal Administratif de Besançon. Elle estime que le décès de son mari est la conséquence des essais nucléaires pratiqués en Algérie.
C’est une affaire emblématique qu’examine aujourd’hui le TA de Besançon, celle de Jean LEU, militaire dans les années 60 en Algérie. Jean LEU est décédé en 2004 des suites d’un cancer de l’estomac. Il a assisté à 4 tirs nucléaires.
Me Larsouris : On ne vient pas dire que ce Monsieur a été irradié. On vient dire qu’il a été contaminé. Il y a une différence réelle. Quand on est irradié, c’est quand on est face au rayonnement ionisant et c’est immédiat.
La contamination, c’est bien plus pernicieux. On inhale des particules qui vont se déposer sur nos organes et qui vont émettre pendant 10… 20… 30 ans et çà va développer des pathologies telles que des cancers. Et çà le dosimètre… il ne le calcule pas la contamination. Le dosimètre ne calcule que l’irradiation.
Thierry Chaufffour : La loi votée en 2010 fonctionne mal. Sur 820 dossiers, 11 seulement ont donné lieu a une indemnisation. Dans le cas de Jean LEU, la défense demandera un renvoi vers le CIVEN (le Comité d’Indemnisation des Victimes des Essais Nucléaires).
Eric Dubois : Et pour évoquer ce dossier, je reçois sur ce plateau Patricia Grenier membre de l’Association des Vétérans des Essais Nucléaires, Bonjour
Patricia Grenier: Bonjour
Eric Dubois : Alors on constate avec ce dossier examiné par le TA de Besançon qu’il semble très difficile d’établir un lien entre le décès des militaires et la contamination, le lien entre les essais nucléaires.
Patricia Grenier: Tout à fait, c’est là que réside le plus gros de notre problème puisqu’on nous a reconnus atteints, la durée des essais, on nous a reconnues des zones géographiques, qu’on entend encore étendre au Sahara. Mais, par contre, la pathologie, il est effectivement très difficile d’établir le lien de cause à effet entre l’apparition de la maladie et la contamination ou l’irradiation par les tirs nucléaires.
Eric Dubois : Alors une loi a été votée en 2010, a-t-elle facilité votre tâche ?
Patricia Grenier: Pas vraiment, pour la bonne raison… vous l’avez cité précédemment… nous avons déposé 840 dossiers et 11 seulement ont obtenu une indemnisation. Sur ces 11 dossiers, 4 sont des résidents des îles Gambier. Il faut savoir que les îles Gambier sont situées à 400 km de Mururoa.
Eric Dubois : En Polynésie
Patricia Grenier: En Polynésie française et… on se demande pourquoi le militaire affecté, … ou le membre du CEA, puisqu’il y avait des civils aussi… affecté sur le site, sur l’atoll, c’est pas très gros un atoll, voit son dossier rejeté quand la population résidente sur les Gambier, à 400 km du lieu des tirs, est, elle, indemnisée…. Il y a quelque part des données qui nous échappent dans l’instruction des dossiers.
Eric Dubois : Qu’attendez-vous du procès qui se déroule… dont l’audience se déroule aujourd’hui à Besançon ?
Patricia Grenier: On attend que le rejet du ministre qui, dans ce cas, est implicite, soit réexaminé par le Comité d’indemnisation. Le Comité d’indemnisation devrait être recomposé suite à une intervention de nos parlementaires en fin d’année, donc des modifications à la loi, un décret que nous attendons pour le moment. Au sein de ce Comité d’indemnisation devrait siéger un médecin qui est désigné par les associations, bien sûr un expert en nucléaire, on a avancé quelques noms de médecins qui pourraient accepter d’y siéger, puis donc…
Eric Dubois : Vous parliez de 900… de 840 dossiers déposés. A combien estimez-vous le nombre total de victimes des essais nucléaires français ?
Patricia Grenier: Je ne peux me référer qu’à l’étude d’impact d’Hervé Morin. Ils étaient 150 000 présents sur les sites…
Eric Dubois : Alors Ministre de la défense
Patricia Grenier: Alors Ministre de la défense, ils étaient 150 000 présents sur les sites et, lui, a jugé une moyenne de cancers possibles de 30 % du personnel et ces 30 % coïncident quelque part avec l’étude qu’a fait notre Président fondateur, Jean-Louis Valatx, puisque on a… on considère… enfin on reconnaît de par nos questionnaires de santé qu’on a plus de cancers que le reste…
Eric Dubois : … de la population
Eric Dubois : Merci beaucoup Patricia Grenier, je rappelle que vous êtes membre de l’Association des Vétérans des Essais Nucléaires. Merci à vous.