La Montagne aux Expériences

Le Taourirt Tan Afella - In Eker

L'accident Béryl du 1er Mai 1962


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Chapitre 4.1 - Le 620ème GAS : à Reggan - à In Amguel (Ecusson, missions,...)

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4.1 - Le 620ème GAS

Résumé

Le 620ème Groupement d'Armes Spéciales est issu du 3e RA, le 3ème Régiment d'Artillerie, dont l'origine remonte à Louis XV, en 1720.

Le 620è GAS a été créé le 1er Janvier 1959 et la totalité du groupe a rejoint Reggan en 1960 pour participer aux premières explosions atomiques atmosphériques françaises à Hamoudia, dans le Tanezrouft. Un détachement a été ensuite envoyé à In Amguel pour les essais souterrains à In Eker, dans le Taourirt Tan Afella.

Le 620ème GAS auquel j'appartenais en 1962 et 1963 sera dissout en mai 1964. Ses effectifs et la BMDD ont été attribués au 621ème GAS.

L'adresse postale du 620ème GAS à In Amguel, au CEMO, était le SP 89547.

A noter que sur les cachets, c'est le terme de "Groupe d'Armes Spéciales" qui apparaît, et non le terme de "Groupement d'Armes Spéciales"

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Historique du 620ème GAS

Créé le 1er janvier 1959, avec le 1/3ème R.A. et quoique dépendant toujours de l'Artillerie, le nouveau groupe avait un caractère Inter-Armes et peu à peu le personnel officiers et sous-officiers fut remplacé. Les batteries rejoignirent Reggan au fur et à mesure de leur réorganisation et la totalité du groupe fut regroupée en 1960 à Reggan. Le 620ème G.A.S. fut autorisé à conserver l'étendard du 3è R.A.
Son insigne fut créé en 1959, par le chef d'escadron KLEIN et homologué G.1631 fabrication Drago-Paris guilloché argenté fixation anneaux. Voir le dos
Description : Croix d'Agades bleu roi au symbole nucléaire d'argent au numéro 620 rangé en pal, à dextre de la lettre G, en pointe de la lettre A et à senestre de la lettre S, le tout d'argent et posé sur deux canons croisés en sautoir d'argent et la croix d'Agades timbrée d'une croix de Toulouse remplie de rouge.
La croix de Toulouse a été portée sur l'insigne pour évoquer l'origine du groupe.
Le 620ème G.A.S. fut dissout en mai 1964, sauf une batterie de décontamination qui a été versée au 621ème G.A.S. Cette unité existe encore par filiation directe, elle est devenue la 601° Batterie Nucléaire Bactériologique et Chimique stationnée au camp de Mourmelon et rattachée au 39° Escadron d'Artillerie de Corps d'Armée.


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Photos et documents



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Losange du 620ème Groupe des Armes Spéciales

Ecusson de bras brodé et Insigne du 620ème GAS

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L'insigne du 620ème GAS avec la croix d'Agadès et 3 électrons.
Il s'agit d'un atome de tritium.


Que vient faire la croix occitane au sommet de cet insigne ?

La présence de ces deux croix sur l'insigne du 620ème Groupement d'Armes Spéciales est expliquée dans l'article de Wikipédia et dans le descriptif qui accompagnent ces images. Cliquez sur les liens pour lire les détails.

Ils rappellent l'histoire de ce "bataillon" du "Royal artillerie" issu du regroupement des deux précédentes formations d'artillerie, le Régiment Royal de l'Artillerie et le Royal Bombardiers.
Initialement, le 3e bataillon du Royal Artillerie reçoit le nom de Grenoble du nom de sa garnison. Le 16 août 1820, le 3e Régiment d'Artillerie à cheval est recréé à Metz (Les Artilleurs de Metz...) avant de s'installer à Toulouse en 1824.

La Croix de Toulouse a été portée sur l'insigne pour évoquer l'origine du groupe.

La Croix d'Agadès bleu roi ornée d'un symbole nucléaire d'argent est l'attribut des Troupes Sahariennes. Elle rappelle la destination Saharienne du 620ème GAS, installé à Reggan Plateau, puis détaché à In Amguel / In Eker.

La Croix d'Agadès est posée sur deux canons croisés en sautoir d'argent, comme pour tous les insignes de l'Artillerie.

On retrouve ces deux canons en croix placés sous une fusée sur cet insigne de béret et sur l'insigne de l'ESAA :


Insigne de l'ESAA


Insigne de béret

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L'ESAA, c'est l'Ecole de Spécialisation de l'Artillerie Antiaérienne, basée à Nîmes, où j'ai fait mon cycle d'instruction de 6 mois en m'entraînant avec des canons antiaériens de 40 mm BOFORS et des batteries de 4 canons 90 mm US, en tir réel – bonjour les tympans - sur cible tractée par un petit avion, au Grau du Roi, alors que les opérations de maintien de l'ordre en Algérie battait leur plein.

Ces canons sur l'insigne sont placés sous un missile, alors le PARCA, puis le ROLAND, en attendant les Batteries de HAWK.

(Faut qu'on vous dise, Monsieur, que chez ces gens là, on vise pas, on tire.)

L'ESAA deviendra ensuite l'EAASA, l'Ecole d'Application de l'Artillerie Sol-Air. Elle a quitté Nîmes en 1983 pour rejoindre l'EAA, l'école d'Application de l'Artillerie, à Draguignan.

La Croix d'Agadès, au Niger, ou Agadez selon la terminologie actuelle, est une des 21 croix touarègues, des bijoux utilisés comme pendentifs et appelés teneghelt (d'après enghel, verser) fabriqués au moule selon le procédé de la cire perdue.

Dans le village de Tit, non loin de Tamanrasset, j'ai longuement observé un vieux forgeron en train de fabriquer des Croix d'Agadès à partir de pièces de 5 francs en argent. Il faisait aussi des poignards dont l'acier provenait de lames de ressort de véhicules. Deux très jeunes esclaves noirs manipulaient alternativement les soufflets qui entretenaient le brasier de sa forge.

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Insigne Sahara avec la Croix d'Agadès

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620ème GROUPE d'ARMES SPECIALES

Commandant LETRAIT

Article du Bulletin N° 98 mai - juin 1981

Mise en page pour le Net MAGUET Jean-Pierre

Adaptation et correction de Marcel Couchot

Le 620ème GAS (Groupe d'Armes Spéciales) était une unité essentiellement technique disposant de matériels spécifiques propres à ses deux missions de Détection et de Décontamination, alors que le 621ème GAS assurait les missions de support, de sécurité et d'intendance.

Je pense qu'en 1962, le 620è GAS était chargé en priorité des opérations de Détection et de Décontamination : Mesures des radiations, accompagnement des personnels chargés d'effectuer des prélèvements et autres missions. En compensation, il était dispensé de "corvées", pas de "Lever des couleurs", si je me souviens bien, pas de garde, pas de défilé, de prise d'arme, pas d'entrainement au tir, pas de pression de la hiérarchie. Mais je crois me rappeler que je n'étais pas armé, à par mon dosimètre stylo !

Pas de brimade, pas de punition. Et si on m'a parfois passé un savon, ou si j'ai subi une douche froide, c'est uniquement pour me décontaminer, au Point Nord ! Heureusement, l'eau des GLR citerne était souvent réchauffée à l'aide d'un Karcher...

Au contraire, le 621éme GAS me semblait plus chargé de la sécurité, de la surveillance, du gardiennage, de l'intendance : nourriture, foyer, mess, garage, secrétariat. Il y avait un boulanger, un coiffeur, une blanchisserie, etc.

En fait, je n'ai pas assez vécu avec eux pour bien m'en rendre compte et aussi pour m'en souvenir. Etant alors Sous-lieutenant, je n'ai peut être pas eu une vision assez basique pour bien juger.

Le 620ème GAS et le 621ème GAS étaient au service du CSEM, le Centre Saharien d'Expérimentations Militaires (Reggan, Sahara), accompagné par bien d'autres unités.



Insigne du CSEM, avec la Croix d'Agadès et un champignon atomique

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On retrouve une Croix d'Agadès dans cet insigne du CSEM.

Elle est surmontée d'un très beau champignon, pas comestible du tout, comme on le voit à ses couleurs noir, jaune, rouge et blanc.

Je l'ai photographiée sur un fond de sable. Ce n'est pas celui du Sahara, c'est celui de la plage de Cannes.
Aux dernières nouvelles, il est strictement interdit de ramener du sable d'Algérie. Je pense qu'ils ont peur qu'on le trouve trop radioactif...

Le CSEM, le "Centre Saharien d'Expérimentations Militaires" de Reggan, était destiné à la mise en œuvre des expérimentations nucléaires atmosphérique françaises. Il a été aménagé en 1957 à une cinquantaine de kilomètres au sud du grand erg occidental, à 700 km de Colomb Béchar. La base-vie où résidaient environ 10 000 personnes, civils et militaires, affectées aux expérimentations, était située à l’est de Reggan-ville, dans la zone appelée Reggan-plateau.

La France y a réalisé 4 essais atmosphériques dans la base avancée d'Hamoudia.

Elle y a réalisé aussi une série d'expériences complémentaires, sans dégagement d’énergie nucléaire, appelées "essais de sécurité"", destinées à vérifier que les engins ne pouvaient fonctionner en cas de mise à feu accidentelle de l’amorce pyrotechnique.

Le premier essai atmosphérique nucléaire français, dénommé "Gerboise bleue", a été réalisé le 13 février 1960 en plein désert du Tanezrouft. L’engin, disposé sur un pylône, a développé une puissance de 70 kilotonnes de TNT. Il a été suivi par "Gerboise blanche", "Gerboise rouge" et "Gerboise verte", d’une puissance inférieure à 5 kt. La dernière expérimentation a été effectuée le 25 avril 1961.

Par la suite, pour éviter, en principe, les retombées radioactives, les essais en galerie ont succédé aux essais atmosphériques et un nouveau site d’expérimentation, le "Centre d'Expérimentations Militaires des Oasis" (CEMO), est aménagé dans le massif du Hoggar, dans la montagne granitique du Taourirt Tan Afella, à proximité du bordj d'In Eker situé un peu au nord d'In Amguel, à 150 km au nord de Tamanrasset.

C'est là que je me suis retrouvé, après mon bref passage à Reggan, pour l'essai Béryl de sinistre mémoire du 1er Mai 1962.

Et les retombées radioactives, je peux vous dire qu'il y en a eu...

Détection et Décontamination sont les deux mamelles de la BMDD

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Photo du PC de la BMDD, la Batterie Mobile de Détection et Décontamination du 620èmè GAS, au Camp Saint Laurent.

On peut apercevoir un remarquable dispositif de protection contre les radiations... solaires ! Il était constitué d'un appentis et un auvent en canisse bien de chez nous !

Devant cet auvent, deux 4x4 et une Jeep attendent de partir en mission de détection ou de décontamination au Point Nord et sur le Taourirt Tan Afella.

Ou bien en excursion de détente à Hirafok, à Idelès, à Mertoutek, ou à l'Assekrem et à Tamanrasset. Cette deuxième activité était certainement destinée à nous faire oublier les risques de la première.

Voici une autre vue du PC de la BMDD et de ses annexes.
A l'intérieur, le bureau du Capitaine Maurice CLAVERT, puis du Lieutenant Berger.

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Regardez bien, en haut à droite, dans le lointain : c'est le Tan Afella.
Voilà qui nous ramène à la réalité !

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C'est un phénomène que j'ai souvent observé à In Amguel : il s'agit d'un grand tourbillon de poussière qui s'élevait parfois très haut dans le ciel en se déplaçant lentement.

Il était provoqué simplement par l'échauffement du sol pendant la journée.

Mais j'en avais observé aussi de tout petits lorsque j'allais à la piscine du Camp Saint Laurent.
Même sans vent, on voyait des mini vortex se former à la surface, quand l'eau était très calme.
Ce qui étais le cas la plupart du temps, car j'étais souvent tout seul, allongé sur le bord.

Cela prouvait qu'il s'en formait partout et tout le temps.
Et en particulier, dans les zones contaminées des environs du Tan Afella, près d'In Eker !

Pas besoin de vent de sable pour soulever et disperser dans toute la base-vie les particules radioactives...

Le tourbillon s'amorce tout seul par suite d'une brisure spontanée de la symétrie. Autrement dit, il est déclenché par un tout petit déséquilibre local qui s'entretient et s'amplifie.
C'est comme ça que démarrent les tornades et également les cyclones.
C'est une conséquence du fameux "effet papillon" du météorologue Edward Lorenz :

"une infime variation de paramètre à un moment donné peut faire varier énormément le résultat final."

Réf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_papillon Effet papillon - Wikipedia

C'est la théorie du chaos.

Comme un ouragan, qui passait par là...


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Ma jeep garée à In Amguel devant mon chez moi, un "Carmétal", il me semble.

Une table, un lit, un lavabo, un humido. C'est là que j'ai vécu un an, avec une gerbille pour seule compagnie...

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Le lieutenant Berger et le chef... Michel ! Le 02/09/1962, sur la N1 devant un Dodge 4x4.

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Un peu plus loin, une Fillod, je crois. Admirer les arbustes et les deux bancs, en plein cagnard. Encore quelques années, et il y aurait eu un peu d'ombre !

Par rapport à certain, j'étais logé comme un prince...

Mais je n'étais pas mieux abrité des zébulons pour cela. D'autant plus que j'avais pour mission d'aller les chatouiller de près. Jusqu'à l'entrée d'une des galeries, après l'explosion.
Citation :
...et là où ce sera trop profond, laisse un peu mesurer les autres.
...
Et si quelqu'un... à bord avait la peste, ne lui parle que de loin et ne le fréquente plus, même si c'était ton meilleur ami.
L'amitié est une chose admirable, mais la peste, c'est la fin du monde.

Fanny. Lettre de Marius lue par César à Fanny. Marcel Pagnol.

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L'ancien local du 620ème GAS, transféré en mai 1964 au 621ème GAS.
On devine la croix d'Agadès qui est l'insigne du 620 !

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L'ancien local du 620ème GAS, transféré en mai 1964 au 621ème GAS.
On reconnait parfaitement la croix d'Agadès qui est l'insigne du 620 !
Et on voit que le chiffre 0 a été surchargé avec le chiffre 1...
Photo de Pierre Granger - Site http://621gas.free.fr

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Références


http://www.symboles-et-traditions.com/sahariens/artillerie-ctres-essais/page-620-gsa-doc.htm
: 620è GAS

http://www.symboles-et-traditions.com/sahariens/artillerie-ctres-essais/page-artillerie.htm
: Artillerie-Centres d'Essais

http://www.symboles-et-traditions.com/form/page-sahariens.htm
: Insignes sahariens

http://www.insignes-militaires-collections.fr/achat/index.php?catid=89
: Insignes militaires - Collections

http://www.zapgillou.fr/fillod/origines/origines.php
: Fillod

http://copainsdavant.linternaute.com/etablissement/975744/1/1/1/620_gas/
: 620 GAS - 620 GAS - Reggane

http://copainsdavant.linternaute.com/etablissement/587466/1/1/1/620_gas/
: 620 GAS - 620 GAS - Reganne

http://copainsdavant.linternaute.com/etablissement/396632/1/1/1/620gas/
: 620 GAS - 620 GAS - Reganne

http://copainsdavant.linternaute.com/etablissement/1503533/1/1/1/41_ri_et_620_gas/
: 41_ri_et_620_gas - 41 RI ET 620 GAS - REGANNE

http://www.tamanrasset.net/modules/newbb/viewtopic.php?topic_id=388
: La Croix du Sud




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