La Montagne aux Expériences

Le Taourirt Tan Afella - In Eker

L'accident Béryl du 1er Mai 1962


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Chapitre 2.5 : L'explosion, le nuage, la fuite

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2.5 - L'explication d'Yves ROCARD

Référence : "Mémoires sans concessions", Yves Rocard, Grasset 1988, page 246.

Dans les commentaires concernant l'accident de Béryl, on peut lire : "L'explosion a été beaucoup plus forte que prévue, le Taourirt se fissure, la montagne s'est fissurée, la montagne s'est fendue, la montagne n'a pas résisté, la montagne a explosé, la montagne s'est écroulée, la montagne a éclaté, les portes se sont brisées, la lave est sortie par la galerie"...

Dans son livre, Yves Rocard donne une explication détaillée de l'accident de Béryl.

"A l'instant du tir, la galerie doit être fermée très hermétiquement.
Pour obtenir cette obturation parfaite, selon une technique qui nous venait des Américains au Nevada, la galerie se terminait en spirale horizontale, enroulée sur elle même pour aboutir à la chambre de tir.
Lors de l'explosion, les roches avoisinants prenaient un mouvement radial, créant une cavité liée au tir tout en écrasant la spirale, et faisaient ainsi disparaître la galerie d'accès.
Bien sûr, un peu plus loin, hors de la zone effondrée, on disposait aussi des portes classiques.

Il s'est trouvé que, pour le tir qui a causé l'incident, un service scientifique avait fait creuser une galerie d'étude parallèle, de petit diamètre, entièrement rectiligne, pointée comme un canon sur la bombe. Il s'agissait d'étudier des neutrons ou des rayons gammas, dans quelque laboratoire à l'autre bout du tube.

Naturellement, une succession de portes étanches devait venir obturer le tube de mesure, à une cadence strictement dosée pour interdire tout échappement des gaz de l'explosion.

Mais à l'instant du tir quelque chose s'est trouvé inadéquat, les portes se sont brisées et le tube de mesure a craché un affreux nuage de fumée noirâtre qui portait les débris radioactifs de la cavité.

Mon petit service de détection avait 5 ou 6 personnes dans une petite baraque à 7 kilomètre de là. Or, au moment d'un tir souterrain, il est fort intéressant d'examiner le paysage : l'onde de choc sismique puissante secoue la surface de la montagne, un nuage de poussière s'envole comme un brouillard, mais en quelques secondes retombe à terre, pour découvrir dans le soleil cette montagne de granit rose que j'évoquais plus haut.

L'ingénieur de ma petite équipe, avisé comme tout le monde de l'instant zéro, examinait aux jumelles ce spectacle féerique lorsque, quelques secondes plus tard, il voit sortir de la base même de la montagne un minuscule nuage tout rouge qui grossit rapidement.

Le nuage très chaud s'en vient à passer sur un dépôt de vieux pneus qui prirent feu aussitôt, ajoutant une âcre fumée noire à ce qui s'échappait de la montagne.
etc."

Et Yves Rocard ajoute, un peu plus loin :

"... toutes les autorités, notamment le ministre Gaston Palewski, le Général Ailleret et quelques autres ont reçu une dose de 19 roentgens. On les a traités avec des douches copieuses, des lavages d'estomac, des cheveux coupés très ras..."

Ce texte d'Yves Rocard, je l'avais lu et relu plusieurs, et j'avais fini par me persuader que je l'avais recopié dans mon "livre". Aussi, lorsque je l'y ai recherché, en vain, j'ai été totalement abasourdi. C'est bien une preuve qu'on peut être persuadé de quelque chose qui n'est pas, et cela montre la faiblesse des témoignages basés sur la seule mémoire.

Pourtant, j'aurais bien juré...

Lors de l'accident du 1er Mai 1962, tous les appareils de mesures ont été détruits. C'est sans doute les signaux du "Cercle Rocard" et ceux des sismographes qui ont permis d'évaluer la puissance de l'explosion.

Le "Cercle Rocard" est constitué d'une grande boucle d'une centaine de spires de 400 mètres placée à 5 ou 6 kilomètres du Tan Afella.

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L'explication de Jean BELLEC

Référence : http://www.kerleo.net/voyages/sahara/in_eker.htm

Cette explication donnée par Yves Rocard est confirmé par le récit de Jean BELLEC (Kerleo) :

"L'explosion Agate du 7 novembre 1961 avait été contenue par l'effondrement du souterrain en colimaçon qui reliait la chambre à la sortie extérieure.

J'ai eu l'occasion de visiter les travaux bien avant que le matériel sensible ait été entreposé et avais remarqué un forage de très faible diamètre qui bypassait le colimaçon pour permettre l'analyse des neutrons rapides.

Mon réflexe de "mineur" fut de suspecter cette conduite, mais on m'expliqua que les neutrons passeraient avant les débris gazeux de l'explosion et que l'onde de choc effondrerait le colimaçon avant que les matériaux radioactifs n'empruntent la conduite.

L'explosion suivante, Béryl, eut lieu le 1er mai 1962 après mon départ. La présence des ministres MM Messmer et Palewski et le succès des précautions prises pour le premier essai encouragèrent à tirer malgré une météo moins favorable (vent du secteur ouest vers les expérimentateurs).

La rupture du colimaçon survint après l'expulsion à l'air libre d'une quantité notable de radioactivité qui baigna les ministres, les expérimentateurs et des bidasses dont l'encadrement était plus habitué à la guerre contre les Algériens que contre les neutrons..."

Une remarque pleine de bon sens qui est restée lettre morte !
Ils sont fous, ces romains...

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L'explication selon Pierre MESSMER

Référence : Livre Les irradiés de Béryl de Louis BULIDON, page 95 :

"L'enquête rapidement dilligentée aboutit à la conclusion suivante : une étroite galerie s'ouvrant dans la chambre de tir, à proximité immédiate de la bombe, a été creusée pour permettre des mesures neutroniques. Par erreur ou par négligence, elle n'a pas été comblée et son vide a annihilé l'effet d'enclume normalement attendue au moment de l'explosion. L'onde de choc non-amortie s'est engouffrée avec toute sa puissance dans la galerie principale dont tous les bouchons ont sauté et formé, en sortant, le nuage atomique qui s'est déployé. J'avoue que cette explication ne m'a jamais satisfait totalement."

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Le commentaire de Marcel COUCHOT

La section de détection de la BMDD à laquelle j'appartenais était postée au sud du Taourirt Tan Afella lors de l'explosion Béryl et je n'ai donc pas vu le nuage de face, mais de côté, et sans doute pas très longtemps, puisque nous nous sommes trè vite repliés vers la base vie. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu une flamme précédant le nuage.

Notre section est retournée sur le terrain pour faire des mesures de radiations sur le carreau de la galerie et jusques dans l'entrée de celle-ci. Nous étions équipés avec combinaison antipoussière, bottes, gants et masque antipoussière, de sortes que notre vision était plutô réduite. Si la galerie avait été remplie par de la lave radioactive, nous n'aurions jamais pu y pénétrer...

La vidéo N° 2 de l'ECPAD montre la montagne du Tan Afella et ses nuages de poussière, avec le tir Agate contenu du 7 novembre 1961, à 07:30, de 06:30 à 08:15, et surtout, l'accident nucléaire de Béryl du 1er mai 1962, non contenu, auquel j'ai assisté, à 09:48, avec le nuage noir sortant de la montagne de 09:13 à 10:23, et avec un troisième tir contenu à 10:39.

Les images ont été prises de face, mais on ne voit pas les tous premiers instants de l'explosion : on n'aperçoit pas la flamme décrite par les observateurs mais on ne peut pas exclure un rougeoiement du nuage en expension. Cet évènement est rappelée par l'interview de Pierre Messmer :

"Ce qui n'était pas prévu, c'est que la colline s'est ouverte et qu'elle s'est ouverte exactement face au poste de commandement... "

Ce qui saute aux yeux, lorsqu'on examine attentivement les images de cette vidéo, c'est que la sortie du nuage noir s'arrête brusquement, ce qui semble indiquer que la galerie ou le conduit de mesure a bien été obturée après quelques secondes. Ensuite, ce sont des pneus et des réservoirs de carburants enflammés qui ont dégagé une fumée épaisse qui a persisté longtemps.

Mais pourquoi a t'on déclenché le tir alors que la météo devenait défavorable et que le vent devenait de plus en plus fort et s'orientait vers l'est, directement vers le PC de tir ? Pourquoi n'a t'on pas reporté l'essai ?.

Le tir précédent, Agate, avait été un succès et avait donné confiance dans la technique utilisée qu'on pouvait donc penser parfaitement maîtrisée.

On peut penser que la présence des personnalités, dont le Ministre des Armées Pierre Messmer et du Ministre de la Recherche Gaston Palewski, qui devaient assister à l'expérience y est pour quelque chose.

Mais pourquoi préparer le tir pour un 1er Mai ? Ni le livre d'Yves Rocard, ni le livre de Louis Bulidon ne m'ont éclairé sur le choix de cette curieuse date. Cela reste pour moi un vrai mystère, et l'hypothè que j'ai émise, la réduction du bruit de fond pour les sismographes en ce jour férié et chômé, n'est étayé par aucun écrit, alors que je suis "pratiquement" sûr que c'est l'explication qui avaient été avancée à In Amguel aprè l'explosion. Si c'était bien là la raison de ce choix, on comprends mieux pourquoi le tir ne pouvait être repoussé à une date ultérieure et a été déclenché, contre vent et marées, ...

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L'explosion du 1er mai 1962

Les gaulois ne craignaient qu'une seule chose, c'est que le ciel leur tombe sur la tête...
Ils avaient bien raison !
Ces images qui suivent proviennent d'un site Internet qui a disparu.
Je ne les ai pas recadrées pour préserver leur authenticité.



Le Taourirt Tan Afella, In Eker, juste avant le tir, le 1er Mai 1962.




Le nuage de poussière provoqué par le tremblement de terre juste au moment du tir.




Le nuage de poussière, quelques secondes après le tir.

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La fuite radioactive



Le nuage de poussière, et à droite, un petit nuage gris, sans bruit...




Le nuage de poussière, et à droite, un nuage noir inquiétant.

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La fuite du personnel



La fuite éperdue, masque anti poussière plaqué sur le visage, sous le chapeau de brousse.




Le convoi sur la RN1 fuyant le nuage radioactif vers la Base Vie d'In Amguel.




Le convoi sur la RN1 fuyant le nuage radioactif vers la Base Vie d'In Amguel.




Le nuage domine le convoi.




Seule protection, un casque lourd.

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Images du nuage en formation



Les observateurs, avec leur tenue anti-poussière




Le nuage blanc... et le nuage noir, comme au Vatican !

Ici Houston, nous avons un problème !

Agrandissement




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D'après : http://www.moruroa.org/medias/pdf/Accident%20Béryl%201962.pdf




Description : Explosion nucléaire souterraine au CEMO.
Date : Mars 1963
Photographe : inconnu
Origine : Coll. ECPAD
Référence : F-63-115-RC18

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Le cercle Rocard



Lors de l'accident du 1er Mai 1962, tous les appareils de mesures ont été détruits.
C'est sans doute les signaux du "Cercle Rocard" et ceux des sismographes qui ont permis d'évaluer la puissance de l'explosion.

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Anaglyphes : conversion 2D-3D

Conversion 2D-3D, à regarder avec des lunettes à filtres colorés
Filtre rouge pour l'œil gauche et filtre cyan (bleu-vert) pour l'œil droit



Le 1er mai 1962 a eu lieu l'accident nucléaire de Béryl, dans le Hoggar, dans le Taourirt Tan Afella.
Lors de ce deuxième essai souterrain , un nuage radioactif s'est échappé par une galerie de mesure.
Il s'est dirigé sur le PC de tir où étaient situés les opérateurs et les observateurs.
C'est la fuite générale et ministérielle de Pierre Mesmmer et Poniatovski.
Le nuage radioactif, noirci par l'incendie de carburant et de pneus, tel qu'ils ont pu le voir.
Il se détache du nuage de poussière provoqué par l'éboulement des blocs accumulés sur la "Montagne aux Expériences".

D'après : http://www.moruroa.org/medias/pdf/Accident%20Béryl%201962.pdf

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Animation du nuage en formation

L'accident de Béryl du 1er mai 1962



Extraits de la vidéo N° 02 ECPAD : animation effectuée à partir d'une série de saisies d'écran

On ne voit pas la flamme rouge décrite par les observateurs.
Est-elle déjà entièrement cachée par le nuage de fumé noire ?
Les premières images du film ont-elle été censurées ?
Je suis aussi très intrigué par l'arrêt brutal du nuage.
D'après mes lectures, il sort d'une galerie de mesure.
Elle "bypassait" le colimaçon en ligne droite.
Elle devait être obturée automatiquement par des portes.
Pour moi, cette galerie de mesure s'est bien refermée.
Mais un petit peu trop tard...


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Références

ROCARD Yves : "MÉMOIRES sans concessions"", page 246. Le tube de mesures.

ROCARD Yves : "MÉMOIRES sans concessions"", page 250. Le Cercle Roccard

BULIDON Louis : "Les irradiés de Béryl", page 95. La galerie de mesures, d'après Pierre messmer.

http://www.dissident-media.org/infonucleaire/les_officiels.html
: A propos de Béryl - Extrait de: "MEMOIRES sans concessions"

http://www.kerleo.net/voyages/sahara/in_eker.htm
: Station météo de In Eker

http://roger.gau.pagesperso-orange.fr/nucleaire.htm
: Ma participation à l’essai nucléaire souterrain du 1er mai 1962 à In Amguel. Par Roger Gau.

http://www.ecpad.fr/lindependance-algerienne-juillet-1962-a-travers-les-archives-de-lecpad
: L’indépendance algéérienne, juillet 1962 à travers les archives de l’ECPAD

http://www.ecpad.fr/?s=Exp%C3%A9rimentation+nucl%C3%A9aire
: Histoire des essais nucléaires français : du désert de la soif à l’île du grand secret. = 4 Vidéos de mars 2011

http://www.ecpad.fr/histoire-des-essais-nucleaires-francais-du-desert-de-la-soif-a-lile-du-grand-secret-24
: Histoire des essais nucléaires français : du désert de la soif à l’île du grand secret.2/4

http://www.casimages.com/img.php?i=120419102730562375.gif
: Extraits de la vidéo N° 2 du CEPAD. Animation hébergée par casimages.com

http://nsa21.casimages.com/img/2012/04/19//120419102730562375.gif
: Extraits de la vidéo N° 2 du CEPAD. Animation hébergée par casimages.com

http://www.moruroa.org/medias/pdf/Accident%20Béryl%201962.pdf
: Le nuage radioactif s'échappant de la montagne

http://www.youtube.com/watch?v=TkSm5pat4ps&noredirect=1
: l'abominable crime nucléaire français en Algérie

http://www.youtube.com/watch?v=ne9xPwsmORA&noredirect=1
: 13H33 : L'irradié de la république - Pierre Leroy

https://dl.dropboxusercontent.com/u/45538540/BERYL-1962-FR3.mp4 : Béryl - FR3

https://dl.dropboxusercontent.com/u/45538540/BERYL-1962.mp4
: Béryl - 1962
https://www.facebook.com/marcel.couchot.7/media_set?set=a.10202870628840882.1073741834.1656881815&type=3
: Extraits de la vidéo de Béryl

http://www.amis-pic-laperrine.forumpro.fr/t1723-l-accident-beryl-au-ralenti#71170
: L'accident de Béryl au ralenti



http://www.amis-pic-laperrine.forumpro.fr/t1723-l-accident-beryl-au-ralenti#71172
: Le début de l'accident de Béryl au ralenti : 1 seconde en 25 images/s


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