Une partie de l’histoire des bouilleurs de Mururoa par Henri Tendron, vétéran de l’AVEN 44/85
Jeune légionnaire et arrivé en avril 1970 à la base de Hao, affecté à la 1ère compagnie de travaux CT 1 du 5ème RMP, basée à la passe Kaki, j’ai à la dissolution de celle-ci, été affecté à la CT 2 mi-décembre, basée à Muroroa. Dirigé sur les bouilleurs eau de mer produisant l’eau douce du site, je me suis vite intégré à l’équipe en place. L’installation était positionnée à la zone aéroportuaire, en face du Bâtiment Base » Maurienne », de la Royale, coté océan, face au blockhaus des groupes électrogènes servant à arroser l’aire bétonnée pendant les tirs aériens. Un sous/officier légionnaire au grade de sergent, était le responsable sur place de l’équipe composée de 4 rondiers, un par équipe pour assurer les services continus en 3X8. Matin, après midi, nuit et repos, à nouveau matin etc… Un officier lieutenant de la régulière supervisait les bouilleurs et autres installations. Très vite j’ai assimilé le fonctionnement de ces bouilleurs au nombre de 2, 120 tonnes de production d’eau dessalée/heure, avec 2 chaudières tubulaires pour la production de vapeur, celle-ci servant à créer le vide dans les cellules et chauffer l’eau par la même occasion. Le vide par l’injection de vapeur dans un venturi assurait une dépression d’environ -1 bar dans les cellules, l’eau de mer pompée coté océan entrait en ébullition à environ 80° celsius. L’adjonction par une pompe doseuse d’un produit gélatineux dès l’arrivée d’eau concourait à assurer une potabilité de cette eau. Si la désalinisation devenait défectueuse, une sonde salinomètrique avec vanne trois voies, rejetait cette eau vers l’océan.
Courant 1971, cette installation à été agrandie pour l’installation d’un bouilleur de 60 T/H avec sa propre chaudière. La partie maintenance qui ne se faisait pas à mon arrivée car l’installation était récente, à commencée à donner des signes de fatigues… Je me suis proposé de prendre la responsabilité d’assurer cette maintenance à la fois mécanique – électrique – hydraulique pendant mes quarts et en plus de ceux-ci ! Pas question de compter les heures, je me faisais aider par le rondier en poste si besoin. Il n’y avait plus de s/officier, je suis devenu le responsable.
Les mois passaient et lorsque je devais quitter la Polynésie pour la Métropole pour fin de séjour, la hiérarchie légionnaire avait oublié de prévoir le remplaçant de mon poste. J’ai donc fait six mois supplémentaires pour former un caporal légionnaire. Parallèlement, il se construisait de nouveaux bouilleurs proches de la centrale de production électrique située entre Martine et la zone ou j’ai exercé 22 mois sans jamais quitter cet atoll durant cette période de… confinement ! Je n’ai donc pas eu l’honneur de piloter ces nouvelles installations qui paraissaient plus conséquentes et plus modernes que celles existantes.